Revolta/revolução, Passa Palavra, Jul 2013) distinction qui contribue notamment à l’analyse des limites affrontées par ces luttes.
3 “La seule ‘revendication du mouvement’ (...) n’en était pas une, puisqu’elle ne laissait place à aucune organisation, à aucun ‘dialogue’. En son caractère absolument négatif, elle ne signifiait que le refus de continuer à être gouverné ainsi.” La description faite en 2016 par le Comité Invisible des manifestations contre la Loi Travail sonne ici bien familière. (comité invisible, Maintenant, Paris, La Fabrique éditions, 2017)
4 Rappelons-nous, par exemple, la scène de Marilena Chauí [intellectuelle qui soutient le PT] disant, lors d’une conférence à la Police Militaire de Rio de Janeiro, que les black blocks auraient de l’inspiration fasciste. Voir ‘Black blocs’ agem com inspiração fascista, diz filósofaa PMs do Rio(Folha de São Paulo, août 2013).
5 Note de la traduction: Au Brésil, les Opérations de “Garantie de la Loi et de l’Ordre” (GLO) sont un instrument légal par lequel le Président de la République autorise une intervention militaire temporaire sur une partie du territoire afin de “pacifier les forces opposantes” (en d’autres mots, pour réprimer des conflits civils). Les GLO ont été employées lors de grands évènements comme la Coupe du Monde de 2014 ou les Jeux Olympiques de 2016. Voir ici.
6 En retraçant la montée répressive du long lendemain de juin à Rio de Janeiro entre 2013 et 2014, le film Operações de Garantia da Lei e da Ordem (Julia Murat, 2017) dessine la ligne de continuité entre le discours de Dilma face aux protestations et le discours d’investiture de Temer: la défense de l’ordre.
7 Note de la traduction: Le Movimento Passe Livre [Mouvement Libre Passage] est un mouvement social radical crée en 2005 réclamant la gratuité du transport public et qui a été au sein des soulèvements de 2013. Le Movimento Brasil Livre [Mouvement Brésil Libre] est une organisation de droite fondée en 2014 à la tête des protestations pour la déstitution de Dilma Roussef.
8 D’un côté, on a vu la scène où Lula, tout en sachant que son jugement était une manoeuvre politique, s’est rendu à la prison en réaffirmant sa confiance normes démocratiques: “si je ne croyais pas à la Justice, je n’aurais pas fait de parti politique, j’aurais proposé une révolution dans ce pays”. De l’autre, on voit la campagne électorale de Jair Bolsonaro qui, tout en sachant qu’il remporterait les élections, a sans cesse remis en question la légitimité des urnes ou affirmé qu’une victoire de l’opposition serait le résultat d’une fraude. Eduardo Bolsonaro s’est même moqué de la Cour Suprême, en affirmant que pour fermer ses portes “il suffirait d’un soldat et d’un caporal”.
9 Expression courante dans les milieux militants pour désigner la stratégie dessinée par celui qui était appelé champ “démocratique-populaire” depuis les années 1980. Comme une pince, la prise de pouvoir impliquerait un double-mouvement: par le haut, l’occupation progressive des espaces institutionnels; par le bas, la mobilisation de masses dirigée par des organisations populaires, mouvements sociaux et syndicats.
11 En analysant les discours d’Ernesto Araújo, récemment nommé Ministre des Affaires Étrangères du gouvernement Bolsonaro, Jan Cenek (dans Trump, o Ocidente, o chanceler,o ex-prefeito, o romance e a crise, déc. 2018) arrive à des conclusions similaires: “le programme d’extrême-droite dépasse le réformisme sourd-muet, car il assume et défend ouvertement ce que l’autre a dit qu’’il ne ferait pas, mais a fait et continue de faire. Tant que le capitalisme est maintenu la répression est inévitable, la différence est que l’extrême-droite défend ouvertement la militarisation et la violence, tandis que le réformisme sourd-muet condamne les deux uniquement dans le discours qui s’autoproclame démocratique (mais ceux qui étaient dans les rues en juin 2013 savent bien ce que Haddad a fait cet automne-là).”
13 Carolina Catini et Renan Oliveira, Depois do fim(Passa Palavra, nov. 2018).
14 Note de la traduction: João Bernardo est un militant marxiste portugais. Il était membre du journal ouvrier “Combate” au moment de la Révolution des Œuillets de 1974.
15 Par fascisme on entend un phéonomène historique qui n’est pas un simple synonyme d’autoritarisme exacerbé, tel qu’il était employé dans le discours courant de la gauche. On doit remarquer, par exemple, que la dictature militaire brésilienne des années 60-80, quoiqu’autoritaire et nationaliste, n’a pas été fasciste à proprement dire. Pour une discution étendue à ce sujet, voir João Bernardo, Labirintos do Fascismo(3e version, révisée et augmentée, 2018).
16 Pour une analyse de ce projet de contre-insurrection préventive, voir “Depois de junho a paz será total” (dans Paulo Arantes, O novo tempo do mundo, São Paulo, Boitempo, 2013).
17 L’expression est employée par Leda Paulani dans “Capitalismo financeiro, estado de emergência econômico e hegemonia às avessas” (dans Francisco de Oliveira, Ruy Braga e Cibele Rizek [orgs.], Hegemonia às avessas, São Paulo, Boitempo, 2010).
18 “Vagas arrombadas”, terme popularisé par une page Facebook.
21 Note de la traduction: se réfère aux couleurs jaune et verte du drapeau brésilien, portées par la vague réactionnaire protestant contre la corruption et le gouvernement du PT depuis 2013.
24 “Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. - Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D'un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l'autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens.” (Marx et Engels, Manifeste du Parti Communiste, 1848).
26 Le commentaire est celui d’un ouvrier qui filmait avec son téléphone portable l’incendie dans les logements. Les impacts de la construction de Jirau, le soulèvement ouvrier et l’articulation entre centrales syndicales et le gouvernement pour réprimer le mouvement sont représentés dans le documentaire Jaci: sete pecados de uma obra amazônica (Caio Cavechini, 2015). Pour plus de lecture des rapports de paralysations, morts, tortures et prisons dans les chantiers des travaux du PAC dans la région Nord publiés par la Liga Operária, groupe syndical d’influence maoïste qui agit dans la région, voir ici.
27 La trajectoire de la résistance des habitants du Assentamento Milton Santos [assentamento est une terre conquise par l’occupation rurale], qui a courru le risque desouffrir une “réforme agraire à l’envers” pendant le gouvernement Dilma, a été largement rapportée par Passa Palavra (le reportage complet peut être accédée ici)
28 En début août 2013, Passa Palavra rapportait un “printemps silencié”: rien que dans la région du Grajaú, “environ 20 terrains ont été spontanément occupés par des familles qui n’ont plus de conditions de payer les coûts de loyer (...). C’est au minimum curieux de noter que, dans la suite des agitations politiques que l’on convient d’appeler les ‘journées de juin’, se soit déclenché un processus de lutte directe de la part des couches les plus pauvres des quartiers périphériques et que même les organismes de communication de gauche n’en donnent l’attention méritée.” (Ocupações do Grajaú protestam por moradia no centro de São Paulo, Passa Palavra, août 2013).
29 Les rapports annuels du Bilan des grèves publiés par Dieese lèvent un total de 2.050 grèves enregistrées au Brésil pendant l’année de 2013, montant jusqu’à 2.093 en 2016 (les bilans de 2014 et 2015 n’ont pas été publiés jusqu’à présent). Mais, comme remarque Leo Vinicius, une analyse de la période doit prendre en compte les “grèves et actions dans les lieux de travail hors de l’action syndicale et non comprises dans ces statistiques. Il est probable que plusieurs actions autonomes de travailleurs organisés aient eu lieu sans qu’on en ai eu la moindre nouvelle. (Bem além do mito “Junho de 2013”, Passa Palavra, juil. 2018).
31 Un cas emblématique est celui du GEO-PR (Système Géoréferencié de Surveillance et Soutien à la Décision de la Présidence de la République), crée par le gouvernement Lula en 2005 sous prétexte de protéger les communautés quilombolas, terres indigènes et occupations rurales. “Alimenté de données concernant les mouvements sociaux, tels que ‘manifestations’, ‘grèves’, ‘mobilisations’, ‘questions agraires, ‘questions indigènes’, ‘actions de ONG’ et ‘quilombolas’” pendant plus d’une décennie, il a donné corps à un “puissant instrument de surveillance de mouvements sociaux, le plus grand qui soit connu jusqu’ici” (Lucas Figueiredo, O grande irmão: Abin tem megabanco de dados sobre movimentos sociais, The Intercept, déc. 2016).
32 Extrait de l’article Revolta popular: o limite da tática (cit.)
35 [36] “Michel forme un gouvernement d’union nationale, il fait un grand accord, il protège Lula, il protège tout le monde. Ce pays regagne le calme, personne n’en peut plus”, disait Sérgio Machado, ancien président de Transpetro, lors de sa célèbre conversation avec le Ministre de la Planification du gouvernement Dilma, Romero Jucá, peu avant la votation de la déstitution (enregistré et diffusé à la presse en mai 2016, le dialogue est disponible et retranscrit ici).